Si « un appareil photo ne peut faire que des photos, c’est sa fonction » l’œil et la main du peintre dessinateur, use de la mémoire de l’image pour recomposer par touches successives, effacement, gommage, estompage, insistance, exagérations des ombres et des lumières, l’esprit du sujet, non pas à postériori mais à priori.
Cette alchimie de la mine de plomb, du fusain et de la gomme, réorganise et réinvente ce que la photo n’a pu que prendre comme un tout dans une opération miroir.
Le dessin de Thierry Chiapparelli dans sa précision chirurgicale et par son intelligence offre à l’image photographique une véritable nouvelle vie.
Ce dessin n’imite pas la photo, ce dessin réinvente la photo en la désignant comme impropre à dire le réel et l’esprit du sujet photographié.
Le dessein de ces œuvres est peut-être de montrer, combien il est trompeur de croire et de prendre à première vue pour argent comptant, ce que nous avons devant les yeux, sans avoir une attention particulière, une insistance et une analyse précise de cette représentation, qui n’est souvent que le mensonge en miroir inversé de nos fantasmes, purs produits de notre distraction.
Noël Dolla