Elle nous place face à des scènes de la vie quotidienne desquelles se dégage cette inquiétante étrangeté imposée par la théâtralité. Comment un geste simple, répété quotidiennement, s’il est isolé et accentué, peut devenir inquiétant, absurde, voire inhumain.
Dans un premier temps, on reconnaît des gestes superficiels, d’une banalité évidente mais une observation attentive permet de découvrir un monde revisité avec ironie. La composition de ses photographies particulièrement précise, les couleurs vives à la limite de la saturation, la pose des acteurs… tout est exagérément travaillé alors que l’on est projeté dans le simple rapport intime qu’entretient l’homme avec son intérieur et les objets qui l’entoure.
Le théâtre de la vie s’impose à nous et l’instant ainsi figé s’ouvre à de multiples interprétations paradoxales.
De la même façon que les photographies, les oeuvres vidéos utilisent certaines techniques cinématographiques – le hors-champ, l’ellipse, le contre-champ – comme autant de références à un autre temps et un autre espace. Elles tentent une synthèse paradoxale entre l’image fixe et l’image mouvement pour faire advenir une troisième image où se maintiennent ces deux vitesses contradictoires.
Le collage, technique récente utilisée par l’artiste (images trouvées, découpées, assemblées puis photographiées), est un autre médium lui permettant de brouiller les pistes de la représentation, de retourner les signes comme un gant pour faire bifurquer leur sens vers de multiples possibles. Ces montages de fragments mettent en évidence la manipulation visuelle dont nous sommes victimes au quotidien…Comme s’il ne fallait jamais croire ce que l’on voit.