Il y a  ceux, joliment dangereux, excités de la gâchette, trinquant aux cocktails molotov, motif fleuri ou vichy.

Il y a la fille aux cheveux courts, le garçon aux boots pailletées,

il y a ceux  qui revendiquent le droit de fumer.

Il y a l’autre qui a perdu la tête, moitié dandy, élégant du haut, négligé du bas, qui traine ses tongs.

Il y a l’hystérique sur talons aiguilles aux trois quart à poil, qui braille tellement qu’on ne l’entend plus.

Il y a  le petit timide, voyeur caché sous un carton.

Il y a la monstrueuse, gourmande cannibale, suivie par la marmaille.

Il y a la silhouette lourde et engagée de la ménopausée qui veut encore lutter.

Il y a tout ça en colère !

Puis « La Dolce Vita  » cheveux et chien au vent qui croise des manifestants.

« Female wild soul »

« Ta gueule »

« HA HA HA »

Et pourquoi pas, je suis tout ça.

Peintre, à la couture, je préfère la colle de peau, peau de chagrin, la colle totin, colla bianca legno, carta.

Dans l’urgence de la vie qui file, le geste est rapide, la colle fait des taches, les taches dessinent des ombres, la colle amalgame et fossilise dans le travail qui se fait, couleurs, poils de chiens, cheveux d’anges, poussières d’atelier et cendres de cigarettes.

Être artiste, c’est coller ma rage à la hauteur de ma joie, travailler à une illusoire mais sémillante éternité.

C’est en tous les cas, toujours essayer de gagner en humanité.

Sandra Lecoq, 2023