L’artiste explore les tensions entre différents modes de représentation, à partir de formes et de structures préexistantes, sous le régime du détournement, de la suggestion d’usages potentiels. Son travail s’apparente ainsi à une interprétation de l’existant comme vaste champ des possibles, qu’il désigne et active à chacun de ses gestes.
L’œuvre de Djamel Kokene participe aussi d’une extension du domaine artistique hors de ses limites usuelles avec des dispositifs d’exposition comme « Laplateforme », d’enseignement comme « l’École mobile » ou encore d’édition comme « Checkpoint », autant de « cadres d’actions et intersubjectifs » qui forment aussi son univers.
A côté de cette recherche via différentes formes d’association et de collaboration, la démarche artistique de cet artiste se caractérise également par un travail plus intime et étroitement lié au langage, à l’image et à l’objet, ainsi qu’à leur agencement tant formel que spatial. Tout en cherchant à déjouer le processus d’identification, le travail artistique de Djamel Kokene articule indifféremment l’usage de la photographie, de la vidéo, du dessin, de la sculpture, de la performance, tout comme il est traversé par des champs aussi divers que la littérature, la sociologie, le cinéma, l’architecture et la philosophie.
Les oeuvres de Djamel Kokene procèdent ainsi d’un « bord à bord » et suppose une approche polygénique plutôt que monogénique de l’art et de la création en général. Cette conception polygénique de l’art, terme autour duquel il mène un travail par ailleurs, constitue pour lui une métaphore qui lui permet de reposer la question de « comment appréhender la réalité », ou encore, de « comment la pensée à travers l’art opère-t-elle
et se traduit-elle formellement », sachant que la pratique artistique est fortement ancrée dans l’expérience même de l’activité de l’artiste.