Les peintures de Sylvie Fanchon sont bi-chrome, à l’acrylique, elles ont toujours à voir avec le monde sans le représenter. Dans « De l’autre côté du miroir » de Lewis Carol, le temps aussi bien que l’espace se trouvent inversés. Sylvie Fanchon renverse les mots, économise les gestes, s’éloigne du but pour l’atteindre. La peinture n’est pas une technique de reproduction du visible de plus, mais une pratique qui interroge les différents modes de visibilité.
Jean-Luc Blanc interroge la place de l’image : il trie, classe des centaines d’images de magazines, revues ou autres supports papier. Découvreur, collectionneur, cinéphile, qui retiendra ce qui nous a échappé. Les œuvres de Jean-Luc Blanc offrent une expérience spéculative, étrange et troublante. L’image choisie dans son apparente insignifiance, dans sa pauvreté se transforme en abîme. Peintures et dessins sont comme contaminés par cette possibilité de significations multiples.
Le travail qu’entreprend Djamel Kokene Dorléans s’apparente à un entrelac de lignes privilégiant l’association d’idées. Eparses et apparemment éloignées les unes des autres, ses propositions se succèdent par « occasion », dont le lieu d’exposition devient un temps de formulation. Une fontaine dotée d’une dimension magique dans l’inconscient collectif, appelle aux rituels comme celui d’y jeter une pièce de monnaie. Dans les trois installations proposées par Djamel Kokene Dorléans, l’artiste dédie le geste à l’autre, le spectateur devient alors acteur du « process ». Au sol une couverture recouvre du pain dur, les crissements sous nos pieds rappellent les craquements du cristal brisé et nos déplacements dessinent le relief d’un territoire en devenir.
Les œuvres de Michel Blazy sont des vanités qui évoquent à la fois la vie humaine et son caractère éphémère. De savants mélanges de matériaux naturels et artifi ciels constituent le support des investigations de l’artiste. La démarche est liée à la survivance. Dans les deux tableaux le processus semble finalisé, les colorants alimentaires déposés dans les verres sont alors déjà absorbés par la porosité du plâtre pour créer de façon ordonnée mais néanmoins aléatoire la peinture qui évoluera ou pas… L’œuvre titrée « peinture cellulaire rechargeable » enregistre d’une manière ou d’une autre ce qui lui arrive, le temps qui passe et le reste, à la recherche d’une esthétique de l’éphémère.
Florence Farrugia